Publié le 04 décembre 2017 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 24 janvier 2024

Louise de Quengo, la dame de coeur des Jacobins

Une exposition du Musée de Bretagne raconte la découverte de la sépulture de Louise de Quengo au Couvent des Jacobins

Exposition Luise de Quengo
Exposition Luise de Quengo

Du 1er décembre 2017 au 14 janvier 2018, le Musée de Bretagne, en partenariat avec l’Inrap (Institut National de recherches archéologiques préventives), présente des objets et données scientifiques découverts dans la sépulture de Louise de Quengo lors du chantier de restauration du Couvent des Jacobins. La noble bretonne du XVIIème siècle est aussi au coeur d’un colloque scientifique, de conférences, visites guidées et événements pendant tout le mois de décembre aux Champs Libres.

La découverte du corps de Louise de Quengo, c’est une histoire à rebondissements que le Musée de Bretagne et l’Inrap racontent dans une exposition-écrin aux Champs Libres. Un avant-goût de la prochaine grande exposition du Musée de Bretagne qui sera consacrée aux fouilles archéologiques à Rennes et à « la fabrique de la ville ».

En attendant, pour marquer les portes ouvertes au Couvent des Jacobins et l’ouverture imminente du Centre des Congrès de Rennes Métropole, l’exposition « Louise de Quengo, la dame des Jacobins » revient sur cette incroyable découverte, réalisée lors du chantier de rénovation du Couvent, avant sa transformation en lieu d’accueil pour les rencontres professionnelles.

« Une aventure qui a fait progressé les connaissances scientifiques »

En 2013, dans le cadre des fouilles préventives au Couvent des Jacobins, 5 cercueils en plomb avaient été découverts, renfermant les corps de nobles bretons enterrés au cœur du couvent. Une pratique funéraire traditionnelle mais qu’on connaît beaucoup mieux grâce à Louise de Quengo. Car si les quatre autres corps découverts étaient à l’état de squelettes, le dernier cercueil en plomb qui n’a pu être dégagé qu’un an plus tard en 2014 alors que les fouilles étaient terminées, renfermait un corps dans un état de conservation exceptionnel. «  L’exposition montre comment les archéologues font des choix lorsqu’ils sont confrontés à des découvertes majeures. C’est une aventure qui a fait progressé les connaissances scientifiques » explique Manon Six, Conservateur du patrimoine au Musée de Bretagne. C’est là que sont conservés de nombreux objets trouvés dans le cercueil de la Dame de Bréfeillac (morte en 1656) et présentés dans cette exposition : ses vêtements de religieuse dans laquelle elle a été embaumée, ses mules, différentes coiffes et des petits objets comme des scapulaires. Et la découverte est aussi un enjeu de conservation pour le musée. « On découvre les procédures à mettre en place pour conserver les textiles et les vêtements et transmettre ce patrimoine aux générations futures » ajoute Manon Six.

Une noble bretonne identifiée grâce au cœur de son mari

Coeur de Louise Quengo
Coeur de Louise Quengo

L’un des objets les plus étonnants découverts par les archéologues est lui aussi exposé il s’agit un cardiotaphe renfermant le cœur du mari de Louise de Quengo, Toussaint de Perrien, décédé 10 ans avant elle. Une sorte de reliquaire en forme de cœur qui a d’ailleurs permis d’identifier formellement Louise de Quengo en croisant d’autres sources historiques. Une pratique funéraire étonnante qui a permis d’en savoir plus sur les funérailles multiples et sur les techniques d’embaumement de l’époque moderne. « Quand on est archéologue, on rêve de trouver un jour un site avec d’aussi bonnes conditions de conservation » rappelle Rozenn Colleter, anthropologue à l’Inrap Grand Ouest. « On connaissait ces pratiques funéraires pour les rois de France mais on connaissait moins les funérailles multiples chez les aristocraties locales ».

L’exposition permet justement de se mettre dans la peau d’un archéologue grâce à un jeu interactif autour des fouilles du couvent baptisé « à la recherche de la dame des Jacobins ». Que faire quand on se retrouve face à une telle découverte archéologique ? « On n’a pas de plan pré-établi pour ce genre de situation exceptionnelle » confie Rozenn Colleter. « Avant les fouilles, on se doutait qu’on avait des chances de trouver des sépultures privilégiées, mais l’inconnu était l’état des corps. Celui de Louise de Quengo était exceptionnellement conservé et nous avons pu collecter un maximum de données. Sa découverte nous sert maintenant de référence ».

Plusieurs rendez-vous scientifiques autour de l’exposition

Pour aller plus loin, plusieurs rendez-vous sont proposés aux Champs Libres de Rennes autour de l’exposition, avec notamment un colloque scientifique sur les pratiques funéraires des élites bretonnes :

  • Jeudi 14 et vendredi 15 décembre 2017 : journées d’étude – Champs Libres

Louise de Quengo : Les funérailles multiples des élites bretonnes au 17e siècle

Organisé par la SAHIV, l’Inrap et le musée de Bretagne. Ce colloque porte sur l’étude des sépultures aristocratiques provinciales de l’Époque moderne. Il propose une approche pluridisciplinaire autour d’archéologues, d’historiens, d’anthropologues, biologistes, généticiens et archéobotanistes, ayant comme objectif commun de brosser un tableau le plus complet possible de ces funérailles par culières, à l’interface de la biologie et de la culture.

  • Samedi 16 décembre à 15h30 : Champs contre champs – Salle Hubert Curien

L’exceptionnelle sépulture de Louise de Quengo

Avec Rozenn Colleter, archéologue et anthropologue à l’Inrap.

  • Dimanche 17 décembre à 16h : Docs en stock au musée – Salle Hubert Curien

Une histoire à creuser

Un film de Christophe Cocherie, France, 2013, 52 min, Bleu Iroise Productions. 
Projection suivie d’une rencontre avec le réalisateur et Gaétan Le Cloirec, archéologue à l’Inrap (responsable des fouilles du Couvent des Jacobins).

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